VOS « ENVIES D’ESPACE(S) » BONHEUR #1 - Cloisons Partena

VOS « ENVIES D’ESPACE(S) » BONHEUR #1

6 avril 2020
Pour ce premier « petit bonheur » du concours vos « Envies d’espace(s) » nous partageons notre espace avec Stéphane Cazenave, architecte-photographe.

Pour ce premier « petit bonheur », nous partageons notre espace avec Stéphane Cazenave, architecte-photographe.

 

« Epure » votre peinture du jour … celle qui oxygène votre esprit, c’est la formule que Stéphane a choisie pour nous faire voyager.

 

S’emparer du calme de la nuit … prendre le temps de ressortir  aquarelles et pinceaux, capter l’émotion pourtant insaisissable face à la beauté de la nature, se remémorer l’insouciance  … pour finalement immortaliser un moment de pur bonheur.

C’était, il y a quelques jours à peine …

 

Sous-bois de bouleaux dans les hauteurs de Megève – Aquarelle © S. Cazenave – Mars 2020

Confinement jour #8

 

L’avant-veille je faisais encore de la raquette en moyenne montagne, dans les immensités neigeuses et solitaires de Megève. Loin de m’imaginer que j’allais « hiverner » pour une durée indéterminée. 8 jours à crapahuter dans les sous-bois avec une petite troupe d’afficionados, silencieux, respectueux de la majesté des lieux.

 

On a passé le Col des Aravis dans la brume avec une visibilité nulle, on marchait dans la ouate, chaque pas posé délicatement sur la neige nouvelle et légère comme du sucre glace.

 

On avait cette sensation de plénitude inconsciente, tout juste perturbé par le froissement d’ailes d’un troglodyte, ou par le déplacement prudent d’un chevreuil qui nous observait entre les branches d’un épicéa blanchi par les dernières chutes de la nuit.

 

Notre guide nous a fait prendre conscience que la marche en montagne nous vidait l’esprit, on ne pensait qu’au pas mécanique qui nous poussait un peu plus en avant … Et rien d’autre.

 

Effectivement, plus de notions des contraintes laissées dans la plaine 8 jours plus tôt, les plannings, les dossiers, les clients. Notre esprit avait fait un reset -certes temporaire- mais efficace, notre marche était seulement rythmée par notre respiration. Et notre regard bloqué sur les raquettes du compagnon marchant devant nous. Et en se concentrant un tant soit peu, on pouvait suivre les battements de notre cœur, allant à un rythme régulier et synchronisé à nos pas.

 

Cette semaine lointaine déjà (8 jours) me fait prendre conscience aujourd’hui de la chance que j’ai eue de pouvoir traverser ces immensités solitaires, me perdre un peu, le temps d’une marche, alors qu’aujourd’hui la planète est en otage, et enfermée, pour une période indéterminée, et que cet enfermement est synonyme de salvation. Depuis que je suis rentré, mes Clients sont tous hors de portée, partis chacun dans la tourmente de la gestion de leurs équipes … Je me retrouve, comme chacun de nous, en hibernation, et le mot n’est pas faible. Je me retrouve entre mes 4 murs, avec cette liberté de faire à peu près tout ce que je ne peux pas faire en temps normal, et toute cette « liberté » m’étouffe, impossible de lire, d’avancer mon travail puisqu’à cours d’instructions …

 

J’ai pourtant eu un sursaut d’énergie, il y a 2 ou 3 nuits de cela, j’ai repris mon Papier d’Arches, sorti mes aquarelles et mes pinceaux, les mêmes qui me suivent depuis près de … 40 ans. J’avais cette image d’un sous-bois de bouleaux, dans les hauteurs de Megève. Je voulais inconsciemment ne jamais oublier cette image, au moment même où notre guide nous a montré les tracés d’un renard dans la neige, puis le bois déchiré d’un hêtre par le martellement d’un pic noir à tête rouge. J’ai voulu « immortaliser ».

 

(Un bien grand mot) cet instant magique, vécu, savouré, dégusté la semaine passée en montagne et la partager … le voilà, un sous-bois de bouleaux dans la neige.

 

Stéphane

Jour #8 d’enfermement volontaire (et obligatoire par décret)

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Pour ce premier « petit bonheur » du concours vos « Envies d’espace(s) » nous partageons notre espace avec Stéphane Cazenave, architecte-photographe.